vendredi 3 octobre 2014

Relais olympique Esprit - Se trouver, enfin

Y'a des plans de marde meilleurs que d'autres. Ne pas s'entraîner suffisamment pour un 10 kilomètres, c'est déjà pas mal moins pire que d'arriver à la ligne de départ d'un demi-marathon avec un rhume de cerveau et une fasciite plantaire. Alors le matin du 6 septembre, mon manque d'entraînement et moi on part de la maison, accompagnés par Audrey, une des membres de notre joyeux trio de Crinquées, pour se rendre au parc Jean-Drapeau pour participer à ce qui devait être le point culminant de ma saison : le triathlon Esprit à relais, distance olympique.
On flex nos pipes!

L'histoire des Crinquées

Ça faisait des mois qu'on en parlait, l'idée a germé après une conversation sur la motivation. Audrey et moi on se cherchait une cycliste. J'ai pensé tout de suite à Sylvie. Quelque chose me disait qu'elle voudrait faire partie de cette aventure-là. Au début, on voulait faire un sprint, mais madame ne voulait pas rouler juste 20 kilomètres. On s'est laissées convaincre et on a fini par s'inscrire. S'en sont suivi des semaines de dialogues motivateurs et de belles rencontres.

On a convenu d'écrire notre partie du récit chacune de notre côté et de fusionner le tout pour un aperçu de cette magnifique journée. Je laisse donc la parole à Audrey et à Sylvie, pour ensuite raconter ma version, celle de la coureuse. Pour avoir accès aux récits se trouvant sur leur blogue, suffit de cliquer sur leur nom.


Lortie qui s'étire le p'tit pec
J'ai hérité de la portion natation! D'un côté, j'étais bien intimidée par cette épreuve pour plusieurs raisons. Mais de l'autre, j'avais envie de me challenger et de sortir de ma zone de confort. Lorsqu'on a décidé de s'inscrire, l'avenir de ma blessure au dos était bien incertain. J'ai pris une chance en espérant être remise sur pieds rendu à cette date. Aussi, j'étais intimidée parce que je n'avais jamais fait d'aussi longue distance continue en eau libre, surtout avec un départ de masse. Je suis une sprinteuse, une athlète de courte distance. L'endurance est plutôt une de mes faiblesses! J'étais tout de même confiante d'accomplir la distance car j'avais quelques années de sauvetage et de natation derrière la cravate, mais je voulais le faire avec un temps respectable ! L'entraînement allait bon train, j'ai pu recommencer à nager assez tôt dans ma reprise (graduelle pi bin bin douce) de sport. J'étais de plus en plus confiante, même si mon entraînement était en piscine et non en eau libre, comme la compé! Mais comme ma vie est un long fleuve tranquille, je me suis blessée à l'épaule quelques semaines avant le jour J. Full physio et réhabilitation pour être capable de compétitionner, mais on m'avait interdit de nager pendant ma récupération, question de donner un break au petit tendon tannant scrap et de contrôler les dommages ! J'ai tout de même bien récupéré, mais mon entraînement est un peu tombé à l'eau (hoho natation...eau...ta pogne tu).

Le jour du triathlon, j'étais paquet de nerfs, comme d'hab! Au moins j'avais mes Crinquées pour...me crinquer ! J'étais ben contente d'être la première à partir, ça allait être FAITE. Après une jolie danse pour enfiler le wet suit, c'était le moment de se préparer au départ. À ce moment, la tension était à son comble et le décompte me semblait interminable ! BAM, c'est parti! Je laisse de l'espace aux plus rapides puis je me lance. On est beaucoup, je me fais frapper à plusieurs reprises et j'ai eu droit à quelques gorgées d'eau. Ça ma pris énormément de temps à me starter. Au moins 500m...500m à avoir les jambes molles et à paniquer un peu ! J'ai dû casser souvent à la brasse parce que mon épaule me faisait mal. Peu importe, le mot d'ordre était d'avancer coûte que coûte (comment faire autrement...sans se noyer?). J'ai pensé souvent à mon équipe pour m'aider à continuer ! Et au speech de Rocky "You, me or nobody is going to hit as hard as life. But it ain't about how hard you're hit, it is about how hard you can get hit and keep moving forward, how much can you take and keep moving forward. That's how winning is done!" (Ben oui, cliché. Pis ça ?) Près de la sortie de l'eau, on pouvait entendre la foule crier. Ça m'a donné l'énergie nécessaire pour terminer. Une fois sortie de l'eau, c'était souffrant. Mon dos et mon épaule me tuaient et j'étais très étourdie (c'est connu chez les nageurs en eau libre!). Je devais courir jusqu'à l'espace de transition pour procéder au relais de la puce. Dernier effort ! J'arrive finalement au point de relais de mon équipe. Sylvie retire la puce de ma cheville, l'attache à la sienne et vrooooooom, c'est reparti! Le wetsuit m'étouffait et j'étais à bout de souffle. Merci encore à Val de m'avoir délivré du zipper non collaborant! (NDLR : Fait plaisir, man, c'est beau l'entraide humaine!) Je me suis écrasée dans le gazon et ça m'a pris un bon 5 minutes pour reprendre mes esprits. 31min57 secondes comme temps officiel. Avant de me bousiller l'épaule, je visais sous les 30minutes. Considérant que je n'ai pas pu m'entraîner pendant le dernier mois avant la compé et que j'ai dû faire de la brasse pour survivre, je suis bien satisfaite !


Face de business
C'est sous la pluie que j'attendais Audrey. Ma fille Laurence avait du mal à me laisser partir. Elle avait peur que je tombe en vélo à cause de la pluie. J'ai dû la rassurer avant que le relais se produise. Paraît qu'elle a pleuré jusqu'au moment où elle m'a vue passer au premier tour. Pauvre cocotte!

Audrey arrive et me semble avoir tout donné. Je me penche pour prendre la puce, la place sur ma cheville en entendant mes amis m'encourager et up, c'était partie !!! Et j'étais en MISSION ! Je ne voulais pas voir ma garmin sous les 30 km/h. J'ai quand même pris le temps de bien analyser ce premier tour car il pleuvait beaucoup et c'était la première fois que je roulais à contre sens sur le Circuit Gilles-Villeneuve. Nous avions comme consigne de rouler à notre gauche et de dépasser par la droite. Visiblement, ce n'est pas tout le monde qui avait compris cette règle. J'ai passée beaucoup de temps à regarder derrière moi avant chaque virage et dépassement. C'était beaucoup de gestion mais très amusant en même temps.



Voici mes moyennes à chaque tours de 4.2 km (merci Strava) :
1 - 34.4 km/h (tour d'analyse et d'échauffement!)
2 - 35.1 km/h
3 - 35.2 km/h
4 - 34.7 km/h
5 - 35.6 km/h
6 - 36.8 km/h
7 - 37.3 km/h (j'ai embarqué la grosse gear!)
8 - 36.1 km/h (la fatigue a commencé à se faire sentir ici)
9 - 36.1 km/h (j'ai tenu bon!)

Temps total de 1:08:28 pour une vitesse moyenne de 34.6 km/h.

Je suis TRÈS contente. C'était un parcours rapide avec un vent que je trouvais favorable et une asphalte parfaite alors il va sans dire que c'était facile, disons que ce sont des facteurs qui aident à faire un bon temps. J'ai bien géré mon énergie et j'ai poussé fort tout le long. Pas de niaisage ni de repos. Ça m'a fait beaucoup de bien d'ailleurs. J'avais beaucoup de grrrrrrrr à sortir. À chaque tour, j'ai vue ma famille et/ou mes coéquipières. C'était super! Il a plu fort pour les 20 premiers kilomètres et pluie fine pour le reste.

En arrivant à la transition, je suis débarquée de mon vélo pour courir avec mes souliers. Je ne sentais plus le bout de mes orteils tellement ils étaient mouillés et j’avançais à pas de tortue. Je me suis arrêtée pour enlever mes souliers de vélo pour courir nu bas. J'étais claquée. Même pas eu assez d'énergie pour encourager Valérie au relais!

Valérie - 10 km de course

All out. Pis je souffre.
Audrey a fini de nager, Sylvie est partie owner le CVG avec sa face de business et nous, les deux autres Crinquées en "break", on va l'encourager. On tape dans le grillage, on crie comme des malades... On aime ça encourager! On finit par revenir dans la zone de transition; ça sera bientôt mon tour. Je mets ma ceinture à dossard, je m'assois... et Jean-Pierre arrive de l'autre côté de la clôture pour me dire de me relever car Sylvie s'en vient (quoi, déjà?!). Pas le temps de niaiser, man. Je la vois s'en venir et je passe en mode "Shit, je peux plus m'en sauver". Elle arrive, je prends la puce, je pars. Elle n'a même pas le temps de se relever pour me souhaiter bonne course que je suis déjà disparue. La seule personne qui aura profité de la température de chiottes aura été moi, finalement. Il fait frais et même s'il fait très humide, c'est tolérable.

J'aurais dû m'échauffer comme du monde. J'aurais dû m'entraîner, bonyenne! Je suis essoufflée comme une vieille fumeuse et mes jambes sont lourdes. Je me dis que c'est juste 10 kilomètres, que j'ai déjà fait ça des dizaines de fois, que je vais tenir le coup. Parce qu'on tient toujours le coup. J'y vais donc un kilomètre à la fois, gérant les points de côté avec des pauses de marche et en me chantant des chansons dans ma tête (folle de même).

J'arrive à mi-parcours. Les Crinquées sont là, ça me donne un petit boost avant de repartir pour le dernier tour du bassin. Ça se passe relativement bien, compte tenu de mon absence de préparation adéquate (ahem). J'arrive aux paddocks, je vois la ligne d'arrivée se dessiner et j'accélère. J'aime ça accélérer, ça me donne la sensation de voler un peu et d'être un peu plus féroce. Je finis, je donne tout ce qui me reste (y'en reste pu gros), et j'inscris un chrono sous les 1h10.

Sans entraînement. J'ai fait mon meilleur temps de l'an passé. C'est peut-être pas si mal que ça, finalement.

Le mot de la fin

Finalement, les Crinquées, c'est pas juste une histoire de sport et de dépassement. C'est beaucoup plus que ça. C'est une belle amitié qui est née au fil des semaines, de l'écoute (parce que ça va pas toujours bien) et des encouragements bien sentis à chaque pas en avant. 

Je me suis toujours vue faire du triathlon. Du plus loin que je me souvienne, même à mes débuts comme bébé-coureuse, la seule chose que j'étais en mesure de visualiser, c'était passer la ligne d'arrivée d'un triathlon. Le 6 septembre dernier, je l'ai fait. Et je me suis trouvée.